Quel est le rôle de l’ambassadeur pour le numérique sur un sujet comme l’intelligence artificielle ?
Henri Verdier : Pour vous répondre, il faut d’abord préciser le rôle de l’ambassadeur pour le numérique. La révolution numérique pèse de plus en plus lourdement sur le destin des États et sur leurs relations. Elle comprend désormais des enjeux majeurs de sécurité, de souveraineté, d’indépendance économique et de géopolitique. C’est donc un objet à part entière pour la politique extérieure de la France. Ma mission est de conduire cette diplomatie numérique, qui concerne de nombreuses actions du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères : sécurité, gouvernance d’Internet, diplomatie économique, ou encore de protection des droits fondamentaux comme la liberté d’expression, l’accès à la culture et à l’éducation. Or l’intelligence artificielle est une de ces technologies “transformantes” que l’on retrouve dans tous ces sujets. Elle pose des questions de cybersécurité, elle permet des manipulations de l’information avec les deepfakes, elle repose sur des échanges de données pour lesquels les grands ensembles géopolitiques peinent à trouver un cadre commun. Ce sera à l’évidence l’un des ressorts majeurs de la prospérité à venir, et elle appelle une gouvernance, notamment du fait des questions éthiques qu’elle soulève... Les États, les entreprises et la société civile sont-ils capables de décider ensemble, de manière alignée et à l’échelle internationale, d’un futur désirable pour l’IA ?
Lire la suite (Acteurs publics)