Nos ambiguïtés digitales

Publié le 19 09 2022 | Mis à jour le 05 05 2024

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Écrivaine, musicienne et autrice de Tout tremble, essai co-écrit avec le journalsite Jean-Marie Durand, Blandine Rinkel revient pour nous sur les nouveaux malentendus communicationnels engendrés par le manque de contacts physiques et le recours systématique à l’écrit.

Ces dernières semaines, j’ai éprouvé une honte inédite et minuscule. Celle de répondre trop vite aux mails et textos : de ne pas savoir faire semblant de n’avoir pas le temps. Jugera-t-on ma vitesse de réaction ? Pensera-t-on que je suis trop disponible ? Lourde ou, au contraire, trop légère ?

La question ne se poserait pas si nous nous parlions face à face ou par téléphone. Il serait en l’espèce bizarre, voire douteux, de ne pas répondre aussitôt à une question donnée. Mais par texto ou mail, la temporalité n’est pas la même. Les règles de la communication digitale sont tacites, récentes, et changent sans cesse. Avec les inconnus, nous échangeons comme on marche sur des œufs.

Dans son brillant essai Le conflit n’est pas une agression (Éditions B42, février 2021), la romancière, dramaturge et essayiste américaine Sarah Schulman consacre un chapitre à s’interroger sur ce que font les mails, textos et autres MP à nos relations. Comment les infléchissent-ils ?

Lire la suite (Usbek et Rica)